Le mécanisme de protection civile de l’UE et le partenariat avec la Suisse

filippos-sdralias-V6e2PJf6mxU-unsplash
Entretien avec Dr. Roland Bollin, Chef du Bureau international – Office fédéral de la protection de la population OFPP

Pourquoi la coopération internationale en matière de protection de la population est-elle importante?

La Suisse est un petit pays situé au centre du continent européen. Les catastrophes et les urgences ne connaissent pas de frontières politiques ou géographiques. La pandémie de Covid-19, le conflit en Ukraine ou les incendies de forêt le montrent de manière impressionnante.

La Commission européenne a mis en place un mécanisme de protection civile depuis 2001, qui a été utilisé plus de 600 fois depuis lors pour des situations d’urgence, et récemment pour lutter contre les feux de forêt au Canada. Pouvez-vous nous expliquer brièvement comment il fonctionne?

Tout pays ou toute organisation internationale peut demander l’aide du mécanisme de protection civile de l’Union européenne (UE) lorsque l’ampleur d’un événement dépasse les capacités d’intervention nationales. Une fois qu’un pays a demandé de l’aide, le Centre de coordination des interventions d’urgence (ERCC) coordonne et mobilise l’aide ou l’expertise offerte par les Etats membres. Il veille à ce que l’aide parvienne là où elle est nécessaire. Le mécanisme de protection civile de l’UE comprend un réservoir européen de protection civile des Etats membres et, depuis 2019, une réserve supplémentaire rescEU, comprenant notamment des avions et des hélicoptères de lutte contre les incendies.

Comment se présente la coopération actuelle entre la Suisse et les autres pays européens en matière d’aide en cas de catastrophe?

Conformément à son mandat et aux accords internationaux conclus, l’Office fédéral de la protection de la population (OFPP) entretient des contacts avec les Etats et les organisations internationales chargées d’une mission comparable. Des accords internationaux ont été conclus avec les pays voisins. La collaboration avec le Liechtenstein fonctionne de manière comparable à celle avec les cantons. La collaboration avec l’Allemagne fonctionne également très bien. Avec la France, l’Autriche et l’Italie, les contacts varient selon les besoins. La coopération bilatérale est de plus en plus remplacée par la coopération multilatérale dans le cadre du mécanisme de protection civile de l’UE.

La Suisse ne fait pas partie de la procédure de protection de l’UE, une adhésion a été demandée récemment par différents politicien·nes en raison des catastrophes environnementales de plus en plus extrêmes. Comment voyez-vous l’avenir de la coopération avec l’UE dans ce domaine?

Depuis 2017, il existe un accord administratif entre la Suisse et l’UE dans le domaine de l’aide civile en cas de catastrophe. Celui-ci simplifie l’échange d’informations entre les centres d’intervention de la Suisse et de l’UE mais ce n’est pas suffisant. Une étude de l’EPFZ datant de 2021 donne une estimation de l’utilité, des coûts, des opportunités et des risques pour la Suisse. Une participation rapide serait une situation «gagnant-gagnant» pour toutes les parties concernées dans le sens de notre mission – sauver des vies, protéger les infrastructures et le cadre de vie. Le mécanisme de protection civile de l’UE est toutefois ouvert aux pays de l’AELE qui font partie de l’EEE et aux pays candidats à l’adhésion à l’UE. La Suisse ne faisant pas partie de ces catégories, une adhésion n’est actuellement pas possible. La modification de ces conditions ou un traité international (plutôt improbable) pourrait y remédier. Nous travaillons à des solutions.

R.Bollin 5
23.03.2023

Dr. Roland Bollin

Chef du Bureau international - Office fédéral de la protection de la population OFPP