Un plaidoyer pour l’UE

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L’idée d’écrire un livre sur l’Union européenne (UE) et l’adhésion de la Suisse à celle-ci est née dans la phase finale des négociations de l’accord institutionnel. Cette phase finale a été marquée par des querelles étranges entre la Suisse et l’UE ainsi qu’entre les partis politiques, les syndicats et les organisations économiques suisses. L’UE a insisté pour que la Suisse fasse de larges concessions, même lors de négociations additionnelles. Dans notre pays, la grande coalition proeuropéenne de centre-gauche, composée de partis et d’associations, qui avait permis la voie bilatérale avec l’UE à partir de 2002, a alors volé en éclats. Le Conseil fédéral s’est donc vu contraint, en mai 2021, d’interrompre sans accord les négociations avec l’UE. La voie royale de la politique européenne qu’était devenu le bilatéralisme semblait ainsi être arrivée brutalement à son terme.

Dans la phase qui a suivi la rupture des négociations, les partis, les associations et les groupes d’intérêt ont rivalisé de propositions sur la manière de poursuivre les relations entre la Suisse et l’UE. La ligne directrice était de s’en tenir au bilatéralisme. De fait, aucune discussion de fond sur les alternatives n’a été engagée. Ainsi, personne n’a évoqué l’adhésion de la Suisse à l’UE. Le Conseil fédéral ne l’a pas fait non plus lorsqu’il a décidé, en février 2022, de poursuivre la voie bilatérale avec un troisième paquet d’accords.

Ce choix est surprenant, car les accords bilatéraux avec l’UE n’ont pas que des avantages pour la Suisse. En poursuivant sur cette voie, elle se doit d’intégrer le droit de l’UE bien qu’elle ne puisse pas participer à la prise de décision. Qui plus est, la Commission européenne a clairement indiqué que la reprise du droit européen devra à l’avenir se faire de manière dynamique et non plus par voie de négociation. Par ailleurs, la Commission maintient également la participation de la Cour de justice de l’UE dans le règlement des différends. Il est donc clair que le prix institutionnel que la Suisse doit payer pour la poursuite de la voie bilatérale reste élevé.

C’est pourquoi le livre plaide pour que la Suisse prenne le taureau par les cornes et adhère à l’UE. Elle obtiendrait alors un droit de codécision lors de l’adoption de la législation européenne, qu’elle reprend de toute façon depuis longtemps de manière autonome ou en vertu des accords bilatéraux. La Suisse pourrait siéger dans tous les organes de l’UE et participer pleinement et sur un pied d’égalité avec les autres Etats européens à l’organisation future de l’Europe. Une adhésion à l’UE serait donc, par rapport au bilatéralisme, synonyme de gain de souveraineté pour la Suisse. Et avec une adhésion, la Suisse ne serait plus une resquilleuse solitaire qui bénéficie des dividendes de la paix et de la prospérité de l’UE.

Pour qu’une adhésion Suisse à l’UE ait du succès auprès des électrices et électeurs, une bonne connaissance de l’UE est indispensable. C’est pourquoi le livre brosse aussi un portrait actuel de l’Union. Il ne s’agit pas seulement d’évoquer ses échecs et ses faiblesses, comme c’est souvent le cas en Suisse; il convient également de présenter les succès et les forces de l’UE, qui existent et qui sont aujourd’hui tellement évidents qu’ils ne sont même plus mentionnés par les médias ou dans les discussions. Or, ces succès et ces atouts rendent l’UE indispensable. Et, selon les mots de Joschka Fischer, ancien ministre allemand des Affaires étrangères et membre des Vert∙es: «Si l’UE n’existait pas, il faudrait l’inventer.»

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10.11.2022

Martin Gollmer

MARTIN GOLLMER est diplômé d’économie et de journalisme à Saint-Gall et à Zurich. Il a été journaliste pendant presque toute sa carrière, notamment pour le St. Galler Tagblatt et le Finanz und Wirtschaft. De 1989 à 1995, il a travaillé pour le Tages-Anzeiger en tant que correspondant à Bruxelles. De 1999 à 2002, il a dirigé l’Euro Info Center Suisse (EICS) au sein de l’Osec Business Network Switzerland. L’EICS faisait à l’époque partie d’un réseau d’information et de conseil de la Commission européenne pour les PME actives au sein de l’UE. Aujourd’hui, Gollmer est journaliste indépendant.
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